Dans les couloirs de l’entreprise, il y a ceux qui parlent fort de leur ambition, et ceux qui se taisent. Ceux qui, depuis 5, 10 ou 15 ans, font tourner leur service avec rigueur… et qui pourtant rêvent d’autre chose.
Ils ne le disent pas en réunion. Ils ne l’écrivent pas dans un entretien annuel. Mais ils y pensent. À cette opportunité dans une autre équipe. À ce poste affiché dans l’intranet. À cette envie d’essayer autre chose.
Puis, ils l’abandonnent, avant même de la formuler.
Pourquoi ? Parce que la mobilité interne n’est pas qu’une affaire de procédure RH. C’est une affaire d’audace. Et quand la peur prend le dessus sur l’intuition, le désir d’évoluer reste bloqué… dans le silence.
Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas un manque d’ambition qui freine les mobilités internes. C’est la peur d’être jugé. La peur de ne pas être “assez” :
Pour beaucoup de collaborateurs, notamment ceux en poste depuis longtemps, lever la main pour postuler ailleurs dans l’entreprise, c’est courir un risque. Celui de sortir d’une position de maîtrise pour retourner à l’état de novice.
Et ce basculement n’est pas neutre : il renvoie au syndrome de l’imposteur, à la crainte de décevoir, ou simplement au besoin de rester dans une zone de confort — même étroite.
Si la peur vient du collaborateur, le silence vient souvent… de la culture d’entreprise.
Résultat : les collaborateurs n’osent pas. Ils ne savent pas comment formuler leur envie. Ils ne savent pas à qui s’adresser.
Et ce non-dit alimente un paradoxe absurde : des entreprises qui cherchent à fidéliser, et des talents qui partent faute d’avoir eu une vraie chance d’évoluer… en interne.
Derrière l’hésitation, il n’y a pas de caprice. Il y a un besoin profond de sécurité psychologique. Et quelques leviers simples qui changent tout :
Ce que le collaborateur attend, ce n’est pas qu’on lui déroule le tapis rouge. C’est qu’on lui ouvre une porte, sans lui demander d’avoir déjà toutes les clés.
Pourquoi attendre décembre pour parler d’évolution ? En intégrant des “entretiens de développement” réguliers, l’entreprise crée des espaces pour exprimer ses aspirations, sans enjeu immédiat de performance.
L’idée n’est pas de tout miser sur le potentiel… mais de donner le droit d’explorer. Quelques jours dans un autre service. Une mission transversale. Un binôme avec un autre métier.
Un portail interne qui valorise les offres en mobilité, permet de postuler facilement, de suivre son parcours, d’identifier ses compétences transférables.
La technologie ne remplace pas le dialogue, mais elle le rend possible à plus grande échelle.
Tous les collaborateurs ne lèvent pas la main. Mais beaucoup en rêvent.
Et dans une PME, où les parcours ne sont pas figés, chaque évolution peut devenir une histoire gagnante — pour l’individu et pour l’organisation.
En tant que RH, ce n’est pas seulement aux talents de se rendre visibles. C’est aussi à nous de créer les conditions pour qu’ils se sentent légitimes de l’être.
Parce qu’oser évoluer, ça commence souvent par se sentir attendu.
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